Le CPF co-construit s’appuie sur l’idée que la formation peut être gagnant-gagnant et profiter à l’entreprise comme à l’employé.
Ce dispositif permet effectivement de compléter les politiques de formation de l’employeur autour de projets partagés.
Qu’en est-il dans les faits ? Comment organiser la démarche ? Avec quels avantages pour les entreprises ?
Rappels théoriques sur le CPF
Le CPF n’est autre que le Compte Personnel de Formation, un dispositif prévu par la réforme « Loi Avenir » de la formation professionnelle de 2018.
L’ensemble de cette réforme devait permettre aux collaborateurs de se poser comme les acteurs de leurs formations.
Le CPF permet donc de suivre une formation parmi une large sélection, qu’elle soit courte ou longue, qu’elle vise des compétences techniques ou des soft skills, qui reviennent en force.
Le Compte Personnel de Formation s’adresse à toute personne âgée d’au moins 16 ans, tout statut juridique confondu.
L’intéressé s’empare dans ce cas du crédit CPF en euros cumulé avec les années, pour choisir une formation dans ladite application CPF.
Comment les collaborateurs peuvent-ils profiter du CPF ?
Trois solutions sont envisageables pour qu’un employé ou un demandeur d’emploi profite de son compte personnel de formation :
- Libre utilisation à partir de l’application CPF : dans ce cas, soit les crédits CPF de l’intéressé couvrent la totalité du coût de la formation, soit il complète les frais de sa poche.
- Le CPF co-construit avec abondement en temps de l’entreprise.
Dans ce contexte, le salarié profite des formations financées par son CPF sur son temps de travail. Il maintient ainsi son salaire, et n’est pas dans l’obligation de poser des congés.
- Le compte personnel de formation co-construit avec abondement financier.L’entreprise peut décider de prendre en charge les frais de formation de son salarié, en passant par l’organisme de formation ou par l’EPEF, le Portail d’information des Employeurs et des Financeurs.
Dans le premier cas, l’organisme de formation facture à la société la somme due.
Dans le deuxième, l’employeur verse une “dotation volontaire” sur le compte CPF du salarié, qu’il l’utilise comme bon lui semble. Cette formule est en outre cumulable avec celle de l’abondement de temps.
À quoi le CPF co-construit sert-il côté entreprises ?
Les entreprises qui investissent dans le CPF co-construit envoient un message fort à leurs collaborateurs.
Elles leur laissent de l’autonomie dans l’utilisation de leur CPF et dans le choix de la formation, tout en soutenant ouvertement leur montée en compétences.
En cela, les responsables formation participent à l’attractivité de la marque employeur et à une dynamique collective au service de la formation.
Les CPF co-construits permettent aussi aux ressources humaines d’encourager la formation dans un contexte où les besoins évoluent de plus en plus rapidement.
Elles investissent donc le rôle qui leur est donné par l’article L6321-1 du Code du travail, selon lequel elles doivent accompagner les salariés dans l’acquisition des compétences nécessaires à leurs fonctions.
Elles participent en cela au maintien de l’employabilité des collaborateurs et à leur développement personnel et professionnel.
Le recours au compte personnel de formation co-construit aide également à soigner son budget formation.
Les montées en compétences qu’il finance créent de la valeur, au service de l’intérêt de l’entreprise.
Précautions de l’employeur vis-à-vis du CPF co-construit
Le CPF co-construit vient compléter les bénéfices attendus du plan de développement de compétences.
L’employeur peut donc réaliser une analyse de ses besoins en compétences pour y associer des formations co-construites.
Le plan de formation et de développement des compétences diffère cependant du dispositif CPF co-construit.
Il s’agit de deux stratégies complémentaires, mais pas substituables l’une à l’autre.
Pour que le co-investissement CPF soit employé par les collaborateurs, il faut également que les responsables formation créent un plan de communication interne précis à son propos.
Les salariés sont demandeurs d’informations sur son fonctionnement, sur le type d’abondements pratiqués par l’entreprise et les formations concernées.
L’appli CPF reste en outre foisonnante, une présélection de formations peut donc aider.
Pour qu’il reste attractif, il convient néanmoins que le compte personnel de formation co-construit protège la liberté des salariés de choisir leurs formations.
4 stratégies de co-construction du CPF par les entreprises
Les responsables formation qui décident d’investir le compte personnel de formation co-construits peuvent envisager différentes approches :
- Proposer le CPF sur le temps de travail, ce qui évite aux employés d’avoir à prendre des jours sans solde ou des jours de congés.
- Cette stratégie n’est cependant pas déployable à grande échelle, à moins de prévoir des limites horaires pour les formations co-construites.
- Organiser des sessions d’informations sur le CPF co-construit et sur l’application.
- Négocier un accord de gestion du CPF par abondements. Cette stratégie est une mesure forte en faveur de la formation professionnelle, vu qu’elle implique un engagement de financement des formations de la part de l’employeur.
Elle facilite également le processus, vu que les salariés n’ont pas à effectuer de demandes dans l’appli CPF. - Procéder aux dits “versements volontaires”, ce qui permet à l’employeur d’être exonéré de charges.
Attention cependant, dans ce cadre le collaborateur est très autonome.
Il n’a pas l’obligation de prévenir l’employeur des fonds utilisés pour ses formations, ce qui pose des questions de traçabilité.
L’entreprise doit en outre prévoir un abondement un peu plus élevé pour couvrir la TVA.
